Vernissage
Exposition
Affinités
Il y a six ans, lorsque j’ai découvert les tableaux de Margarita Lypiridou, ce sont les profils de la ville fragmentés et mystérieux, peuplés de figures éthérées et flottantes qui m’avaient frappé.
Affinités, la série la plus récente de l’artiste, nous présente des images en gros plan. Les bâtiments et les rues y sont moins présents. L’accent est mis sur les protagonistes– les corps en bloc deviennent minces et élégants, leurs têtes ovales se couvrent de cheveux courts, ébouriffés par le vent. Toutefois, ils demeurent anonymes. Ils se détournent du spectateur (Un spectacle), absorbés par l’émergence éclatante du soleil (From Rain to Sunshine) ou par les myriades de bleus de la mer (Thalassa). Tels les héros solitaires et romantiques de Caspar David Friedrich, les personnages anonymes de Lypiridou deviennent des répliques du spectateur, qui parvient à la fois à se les approprier et à rester distant.
Au premier coup d’œil, nous constatons la ressemblance structurale – l’« affinité » entre les personnages. On dirait que ces corps sont des copies conformes de la même personne. Cependant, plus on examine les œuvres, moins la ressemblance initiale est évidente. Comme il n’y a aucune expression du visage à lire, le langage corporel et le positionnement des corps se révèlent. Chaque geste subtil est rempli de sens et de signification. Alors qu’au niveau structural les tableaux sont créés avec les mêmes coups de pinceau, la richesse et la complexité des relations entre les figures sont évoquées par les couches superficielles de peinture. Les gouttes fluides de peinture ou le glacis blanc presque transparent donnent aux œuvres un mouvement que l’on ressent plus qu’on ne le voit.
C’est ici que se révèle le double sens du titre. Le mot « affinité » fait référence à la fois à la ressemblance structurale et à l’attraction spontanée entre les êtres. Par le jeu subtil des coups de pinceau, Lypiridou suggère ce qui unit les êtres humains et ce qui les repousse, transformant des êtres soi-disant anonymes en individus distincts. Cette série de tableaux fait allusion à la nature complexe et changeante de nos relations interpersonnelles. Nous sommes des animaux sociaux, attirés et définis par les autres, et pourtant essentiellement solitaires.
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Avery Larose – Historien de l’Art
Traduction : Lisa Waite